Étude de cas

Colruyt Group supprime les emballages perturbateurs

 

D'ici 2025, le groupe de grande distribution Colruyt Group n’utilisera plus que des emballages recyclables ou réutilisables pour ses marques propres, dont Boni et Everyday. « Nous appliquons une approche structurée afin de remplacer la petite fraction d’emballages non recyclables dans notre assortiment. Les emballages dits perturbateurs sont notre priorité. Nous en éliminerons la quasi-totalité d'ici à la fin de l'année », annonce Nelle Thyssen, experte en emballages durables chez Colruyt Group.

La catégorie des emballages perturbateurs a été introduite dans la déclaration Fost Plus par la Commission Interrégionale de l’Emballage en 2021. « Le terme fait référence aux emballages qui ne sont pas recyclables et peuvent en outre perturber les processus de tri et de recyclage », explique Niko Vanhalen, account manager chez Fost Plus.

Les emballages ont été soumis à un tarif Point Vert dissuasif, équivalent à deux fois le deuxième tarif le plus élevé payé par les entreprises pour la collecte, le tri et le recyclage. « Ce tarif élevé vise à dissuader les entreprises d’utiliser ces emballages et à les encourager à les remplacer par des alternatives recyclables et plus durables. »

 

Priorité absolue

Colruyt Group fait des emballages perturbateurs sa priorité absolue. « Cela s’inscrit aussi dans notre stratégie globale de développement durable, dans le cadre de laquelle nous accordons beaucoup d’attention aux emballages. D’ici 2025, tous les emballages de nos marques propres devront être recyclables ou réutilisables », déclare Nelle Thyssen, experte en emballages durables.

Fin 2021, Colruyt Group a identifié au total environ 85 articles relevant de la catégorie des emballages perturbateurs. « Il s’agit d'une part relativement faible de notre assortiment : moins de 0,5 % en poids. La majeure partie de nos emballages sont déjà recyclables. Le consommateur peut les trier dans les PMC, le verre ou le papier-carton. Il n’en demeure pas moins important de trouver une solution pour ce groupe », souligne Nelle Thyssen.

Vingt articles ont quitté l’assortiment depuis lors. Et pour 45 références, l’emballage est remplacé par une alternative recyclable. Il reste donc une vingtaine de produits pour lesquels Colruyt Group doit encore trouver une solution d'ici fin 2023.

 

Du multicouche au monomatériau

colruyt

Un premier groupe problématique est constitué des emballages multicouches et plus spécifiquement des emballages en aluminium laminé, notamment utilisés pour les mini-poches à jus, les aliments humides pour animaux, les aliments pour bébé et les sauces chaudes. Ces emballages sont généralement constitués de plastique et d'aluminium laminé qui ne peuvent être séparés, ce qui implique la fin de vie de ces matériaux non réutilisables.

« La solution est de les remplacer par des emballages constitués d'un seul matériau recyclable », explique Nelle Thyssen. Jusqu’il y a peu, les alternatives aux bonnes caractéristiques étaient relativement peu nombreuses sur le marché, mais cela change. Puisque tous les acteurs de l’industrie veulent mettre un terme à ces emballages multicouches, les fabricants d’emballages ont investi massivement dans le développement d’emballages monomatériaux.

 

Les tubes de chips remplacés par des greencans

chip

Les tubes de chips représentent une deuxième catégorie d’emballages perturbateurs. Il s’agit d’emballages en carton laminé avec une couche d’aluminium. « Dans le courant du mois de juin, nous les remplacerons par les « greencans », des tubes en carton composés de 92 à 98 % de papier-carton et d’une barrière minimale pour protéger le produit de l'air et de l'humidité. Cette barrière reste nécessaire pour préserver le goût et la qualité de manière optimale. Mais avec leur teneur élevée en fibres, les Greencans sont parfaitement adaptés pour s'intégrer dans les processus classiques de recyclage du papier-carton », poursuit Nelle Thyssen.

Manchons (sleeves) perforés

Enfin, la dernière catégorie est celle des emballages avec manchon intégral (ou full-body sleeves), une sorte de film qui enveloppe complètement la bouteille ou le flacon en plastique. Comme ce manchon recouvre largement l'emballage, il n'est pas toujours reconnu par les centres de tri et se retrouve parfois dans la mauvaise fraction ou le mauvais résidu.

« Bien sûr, nous regardons d’abord si nous pouvons remplacer le manchon par une étiquette afin d’utiliser moins de matériau d’emballage. Et lorsque nous ne pouvons pas faire autrement, nous optons systématiquement pour des manchons perforés que les consommateurs peuvent facilement retirer », ajoute encore Nelle Thyssen. « Les pointillés indiquent clairement où ils peuvent déchirer le manchon. Jetés séparément dans le sac PMC, le manchon et la bouteille peuvent être correctement recyclés. »

Les manchons perforés ont déjà été utilisés l’an dernier pour les nouveaux emballages de sirop et dans le courant de l’année 2023, ils seront aussi introduits pour les emballages des coulis pour dessert et des yaourts à boire. « Cela représente plus de 140 tonnes de matériaux d’emballage qui pourront désormais être triés correctement dans les centre de tri PMC », se réjouit l’experte.

grenadine boni

Objectif ultime en vue

L’objectif ultime est de retirer tous les emballages perturbateurs de l’assortiment d'ici à la fin de l’année. « L’adaptation des emballages est de toute façon un processus au long cours », précise Nelly Thyssen. « Nous devons discuter énormément avec les fournisseurs afin de trouver les bonnes alternatives et d’évaluer l’impact sur la production et la logistique. Limiter le gaspillage alimentaire reste en outre notre priorité absolue. Lorsque c’est nécessaire, nous faisons également tester les nouveaux emballages ou les emballages modifiés dans les centres de tri sous la direction des experts de Fost Plus. Nous avons ainsi la certitude qu'ils pourront être intégrés dans les processus de tri et de recyclage existants. »

« Par ailleurs, nous appliquons également notre expérience des emballages perturbateurs à d'autres emballages qui ne relèvent pas strictement de cette définition », poursuit Nelle Thyssen. « Nous souhaitons par exemple introduire aussi les manchons perforés pour nos pots de desserts. Quant à l’évolution du multicouche vers le monomatériau, nous l’utiliserons aussi dans le reste de notre assortiment, notamment pour nos emballages de riz. Nous franchissons ainsi les dernières étapes vers 100 % de recyclabilité. »