Wim Geens a repris les rênes de Fost Plus en début d’année. Nous lui avons demandé comment il avait vécu ses cent premiers jours et quels étaient selon lui les principaux défis et opportunités pour les prochaines années. Un échange captivant sur l’importance croissante de l’économie circulaire, la propreté publique et l’avenir de Fost Plus.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant ces cent premiers jours ?
« J’avais déjà une idée assez précise des activités de Fost Plus, mais j’ai tout de même été surpris par l’ampleur et l’efficacité des systèmes que nous avons élaborés au fil des années. Un tel système n’existe nulle part ailleurs. J’estime que les Belges peuvent en être fiers. J’ai aussi été frappé par l’excellent soutien de nos membres qui représentent ensemble une part substantielle de l’économie belge. Enfin, j’ai la chance de pouvoir compter sur une équipe de collaborateurs particulièrement compétents et motivés ».
« J’ai également été impressionné par ce que mon prédécesseur a réalisé. L’introduction du Nouveau Sac Bleu est assurément une étape primordiale. Chaque année, nous récupérons plus de 250 000 tonnes d’emballages qui, à défaut de Nouveau Sac Bleu, se seraient retrouvés dans les déchets résiduels. Nous passerons de 15 à 23 kilos de PMC collectés en moyenne par habitant et par an, ce n’est pas rien ».
« Ce qui est moins visible pour la population, ce sont les lourds investissements réalisés en aval de la chaîne pour optimiser le recyclage de tous ces matériaux d’emballage supplémentaires. À l’heure actuelle, quatre nouveaux centres de tri sont déjà opérationnels et un cinquième est en construction. Au cours des deux prochaines années, cinq nouvelles usines spécialisées dans le recyclage des matériaux d’emballage en plastique ouvriront leurs portes – toutes sur le territoire belge. Un exemple parfait d’une économie locale circulaire qui crée non seulement de nouvelles possibilités de recyclage, mais aussi des investissements et des emplois supplémentaires.
Quels seront les principaux défis à relever dans les années à venir ?
« Nos activités sont plus nécessaires que jamais sur le plan sociétal. L’urgence climatique se fait ressentir dans toutes les couches de la population et une forte pression pèse sur les entreprises afin qu’elles assument leurs responsabilités. Nous pouvons les y aider. Car chaque emballage recyclé permet d’éviter des émissions de CO2 et l’extraction de nouvelles matières premières. Dans mes échanges avec les membres, j’observe qu’ils en sont de plus en plus conscients et que leur intérêt pour cette problématique est bien réel. Les emballages recyclables et les emballages fabriqués à partir de matériaux recyclés, lorsque c’est possible, leur confèrent un fantastique avantage concurrentiel ».
« Mais l’économie circulaire gagne aussi en importance d’un point de vue macro-économique et même géopolitique. La hausse des prix des matériaux et la pénurie des matières premières menacent notre croissance économique et notre prospérité. Songez aux difficultés d’approvisionnement rencontrées pendant la crise sanitaire. La guerre en Ukraine illustre de manière douloureuse à quel point nous sommes dépendants d’autres pays pour nos matières premières. En maintenant le plus possible dans la chaîne les matériaux dont nous disposons ici, nous pouvons réduire cette dépendance ».
En quoi Fost Plus peut-il faire la différence ?
« La technologie et l’innovation jouent un rôle majeur dans l’économie circulaire. Il suffit de voir les technologies de pointe utilisées dans nos nouveaux centres de tri pour trier finement les plastiques et créer ainsi de nouveaux flux de recyclage. Mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Partout, nous investissons dans de nouveaux projets, aussi bien pour la collecte (projet pilote de transport des PMC par voie navigable), le tri (tests autour de l’intelligence artificielle) que le recyclage (nouvelles technologies de recyclage telles que le recyclage chimique) ».
« Je suis convaincu que Fost Plus doit miser sur ces nouvelles évolutions et tirer pleinement parti de notre leadership éclairé dans ce domaine. Notre équipe est particulièrement compétente et nous avons déjà acquis énormément de connaissances. Nous devons mettre ces connaissances encore plus au service du citoyen et de la société. Mais nous ne devons pas non plus nous croire omniscients. Établir des ponts avec les autres parties prenantes reste tout aussi essentiel ».
En 2023, la responsabilité des producteurs sera élargie aux déchets sauvages. Comment Fost Plus compte-t-il aborder cette question ?
« Il y a deux façons de voir les choses. Nous pouvons interpréter cet élargissement comme une responsabilité purement financière et nous contenter de payer la facture qui nous est présentée. Mais je le vois surtout comme une opportunité d’assumer notre responsabilité sociétale et de contribuer réellement à un environnement plus propre.
« Les déchets sauvages agacent tout le monde. Le problème fait partie des priorités de l’agenda politique, à tous les niveaux. Nous avons clairement besoin d’une politique efficiente et efficace. L’approche actuelle est beaucoup trop fragmentée. Nous devons unir nos forces avec d’autres secteurs et producteurs. Contrairement à ce que certains pensent, les déchets sauvages ne sont pas constitués que d’emballages ».
« Il est par ailleurs primordial d’impliquer les citoyens dans notre combat. Je perçois énormément de potentiel dans une initiative comme le Click qui nous permet de récompenser les bons comportements. Mais nous devons aller plus loin. Tout comme les citoyens ont pris l’habitude de trier leurs emballages à la maison, ce changement de comportement doit se prolonger hors du foyer ».
« En ce sens, la responsabilité des déchets sauvages est une évolution logique pour Fost Plus. Notre champ d’action s’est considérablement élargi ces dernières années. Nous sommes présents partout où l’on trouve des emballages – sur les lieux de travail, dans les événements, les clubs sportifs et prochainement dans la rue. Et cette présence est une nécessité, car nous perdons encore beaucoup trop d’emballages qui pourraient parfaitement être recyclés. Il est temps de sortir de notre zone de confort et de franchir les étapes suivantes indispensables avec nos parties prenantes ».