L’intérêt de la collecte pour le recyclage d’un maximum d’emballages de boissons, et des emballages en général, est aujourd’hui une évidence. En effet, dans la perspective d’une économie circulaire, il est primordial de s’assurer que les matières premières ne sortent pas de la chaîne de production. À cette fin, l’Europe fixe des priorités claires et des objectifs stricts. La Belgique joue d’ailleurs un rôle précurseur dans la mise en œuvre de systèmes efficaces, grâce auxquels elle répond déjà aux ambitions européennes. Mais alors, pourquoi jeter le bébé avec l’eau du bain ?
Le plan d’action européen pour une économie circulaire souligne que la transition définitive vers un modèle industriel durable est indispensable pour la création d’une économie compétitive et neutre pour le climat. C’est pourquoi on limite l’exploitation de (nouvelles) matières premières primaires et on réduit les émissions de CO2. Le recyclage, qui produit des matières premières secondaires (recyclées) qui reviennent donc dans la chaîne, est un autre élément fondamental de cette vision. La directive sur les plastiques à usage unique impose dès lors un taux de collecte de 90 % pour les bouteilles de boissons en plastique à l’horizon 2029. À compter de 2025, celles-ci devront en outre contenir au moins 25 % de matériau recyclé.
L’uniformité des systèmes est déterminante
La Belgique satisfait déjà à ces objectifs. En 2020, 92 % de toutes les bouteilles de boissons en plastique (PET) ont été collectées en vue de leur recyclage. Un résultat que nous devons au système de collecte efficace et facile à appliquer, renforcé par l’introduction du Nouveau Sac Bleu. La Belgique est l’un des rares pays à bénéficier d’un système de collecte unique et d’un message de tri uniforme sur l’ensemble de son territoire.
Et c’est précisément grâce à cette harmonisation que la Belgique a déjà atteint plus rapidement le second objectif européen. En 2020, 54 % du PET recyclé a été réinjecté dans la production de nouvelles bouteilles. Le volume total, collecté auprès de plus de 11 millions d’habitants qui suivent les mêmes règles de tri des emballages, justifie les investissements consentis dans cinq centres de tri de haute technologie. Ces installations trient les bouteilles en PET transparent en trois catégories : incolores, bleues et colorées. Le taux de pureté élevé garantit un recyclage de qualité pour des applications alimentaires. La nouvelle usine de recyclage du PET de Couillet, qui assurera dès 2023 le recyclage de la majorité des bouteilles PET de Belgique, produira des granulés de PET recyclé qui seront utilisés dans la production de nouvelles bouteilles en PET compatibles avec le contact alimentaire pour le marché belge. Cet investissement est, lui aussi, le résultat de garanties de volume sur une période bien définie.
Payer plus cher pour le même résultat ?
Malgré ces bons résultats, des voix s’élèvent en faveur d’un système de consigne pour les emballages. Une position qui nous semble pourtant difficilement justifiable. Outre les emballages de boissons (bouteilles et canettes), le Nouveau Sac Bleu apporte en effet une solution pour bien d’autres types d’emballages. Emballages qui, tels les pots et les films en plastique, sont aujourd’hui encore évacués avec les déchets résiduels dans d’autres pays. L’introduction d’un nouveau système parallèle à la collecte existante entraînerait une hausse des coûts pour la collectivité, et donc pour le citoyen, sans répondre à la problématique des fractions perdues. Car, évidemment, nous ne parvenons pas encore à capter tous les emballages, ni même toutes les bouteilles de boissons. Ceux-ci terminent dans les poubelles tout-venant, ou pire encore, dans la nature.
Les nouvelles habitudes de consommation obligent la chaîne du recyclage à s’adapter. Et aucun modèle « one size fits all » ne peut assurer la collecte efficace de tous les emballages générés hors du domicile. Nous misons donc sur une approche adaptée à nos objectifs, par le biais de projets ciblés : collecte différenciée dans l’espace public, pré-tri pour tirer un maximum des déchets résiduels, incitants divers - pour n’en citer que quelques-uns.
Enfin, n’oublions pas que les déchets sauvages sont surtout le symptôme d’un problème de mentalité. Et, malgré ce que certains avancent, il n’existe pas de solution miracle pour le résoudre. Les acteurs de la chaîne doivent unir leurs efforts et prendre leurs responsabilités : les entreprises comme les pouvoirs publics, à qui il revient de mettre en place une politique de répression efficace.
Il serait déplacé de miner les bases du système en place. Grâce à des investissements avoisinant le milliard d’euros pour des centres de tri et de recyclage, l’économie circulaire n’est plus un lointain projet, mais bien une réalité en Belgique. Continuons sur cette lancée et nous confirmerons le rôle précurseur de notre pays.